As-tu remarqué qu’aller prendre l’air semble avoir une influence positive sur ton humeur ? Ou que de rester enfermé a une tendance à augmenter ton anxiété ? Il y a en effet un lien direct entre notre bien-être et le fait de passer du temps dehors. Curieux.se d’en savoir davantage ? Voyons ensemble pourquoi passer plus de temps dehors est bénéfique pour notre bien-être, quels sont les mécanismes qui participent à ce bien-être, et comment nous pouvons mettre toutes les chances de notre côté pour en bénéficier pleinement.
Lumière du jour et sérotonine
Profiter de la lumière extérieure a un impact considérable sur notre capacité à sécréter de la sérotonine, aussi connue sous le nom « d’hormone du bonheur ». La dépression, qu’elle soit saisonnière ou non, est souvent associée à des taux de sérotonine trop bas. Passer plus de temps dehors, particulièrement en hiver lorsque l’ensoleillement est limité, permet d’augmenter nos niveaux en sérotonine et ainsi combattre les épisodes dépressifs. (Lambert et al., 2002 ; Young, 2007).
En plus de booster notre système immunitaire (Herr et al., 2017), la sérotonine permet également, et indirectement, de réguler notre rythme circadien.
En effet, cette hormone est précurseure de la sécrétion de mélatonine, hormone qui, elle, favorise l’endormissement (Mead, 2008).
Une petite ballade d’au moins dix minutes, idéalement lorsque le soleil est encore très bas à l’horizon, est suffisante pour exposer nos yeux et notre peau à la lumière matinale, ce qui augmente ainsi nos niveaux de sérotonine et permet d’indiquer à notre cerveau que c’est le matin, ce qui plus tard permet une sécrétion optimale de mélatonine (Mead, 2008).
Comme les niveaux de sérotonine baissent en même temps que la lumière du jour, ils laisseront place à la mélatonine qui sera relâchée lorsqu’il fait plus sombre, pour ainsi préparer notre corps à dormir. Une étude récente suggère que des niveaux trop bas de sérotonine, entre autres, ne permettront pas une sécrétion suffisante de mélatonine, ce qui peut impacter l’endormissement (Oikonomou et al., 2019).
Nature, immunité et santé cérébrale
Peut-être as-tu entendu parlé de l’hypothèse hygiéniste, qui suggère que les enfants développent moins d’allergies et de maladies auto-immunes lorsqu’ils grandissent dans un environnement riche en microbes – plus abondants dans les milieux ruraux (Olszak et al., 2012 ; Ruokolainen et al., 2017 ; Schuijs et al., 2015). Même à l’âge adulte, être en relation avec la terre, les plantes et les animaux va enrichir la diversité de notre microbiote, ce qui rend notre système immunitaire plus performant (Zhou et al., 2015 ; Blum et al., 2019).
La thérapie par l’horticulture, aussi appelée hortithérapie, a montré des effets bénéfiques non seulement sur le système immunitaire des adultes, mais également sur leur cognition, notamment leur mémoire et attention (Wong et al., 2021) – les mêmes résultats sont obtenus lorsque l’on compare les différences entre les personnes évoluant dans un environnement rural plutôt qu’urbain (Schertz & Berman, 2019 ; Berman et al., 2008 ; Kuo, 2015).
Un lien très intéressant a notamment été découvert entre le manque de contact avec certains parasites et la prévalence de la maladie d’Alzheimer dans les pays industrialisés (Fox et al., 2013). Selon une étude menée par Trumble et al. (2017), les personnes porteuses de l’apolipoprotéine E4 ont plus de chances de développer la maladie d’Alzheimer si elles vivent dans un pays industrialisé. Cependant, cette même protéine s’avère protectrice contre la maladie d’Alzheimer pour les personnes qui vivent dans des environnements où les parasites et pathogènes sont en plus grande quantité (l’étude porte sur une population de cueilleur-horticulteur en Amazonie).
C’est ce que l’on appelle un « décalage évolutionnaire » ; les êtres humains ont évolués avec certaines caractéristiques qui, se retrouvant confrontées à un environnement différent de celui dans lequel elles se sont adaptées, génère un effet délétère.
En somme, jardiner ou partir à la cueillette est un excellent moyen d’être en contact direct avec la nature et d’exposer notre corps aux microbes ambiants qui entretiennent notre système immunitaire. De plus, passer du temps dehors nous permet également d’être physiquement actif, ce qui impact positivement notre bien-être physique et mental et va notamment diminuer notre risque de contracter des maladies chroniques (diabète, cancer, ostéoporose, maladies cardiaques et neuro-dégénératives) (Di Liegro et al., 2006).
Berman, M. G., Jonides, J., & Kaplan, S. (2008). The cognitive benefits of interacting with nature. Psychological science, 19(12), 1207–1212. https://doi.org/10.1111/j.1467-9280.2008.02225.x
Blum, W. E. H., Zechmeister-Boltenstern, S., & Keiblinger, K. M. (2019). Does Soil Contribute to the Human Gut Microbiome?. Microorganisms, 7(9), 287. https://doi.org/10.3390/microorganisms7090287
Di Liegro, C. M., Schiera, G., Proia, P., & Di Liegro, I. (2019). Physical Activity and Brain Health. Genes, 10(9), 720. https://doi.org/10.3390/genes10090720
Fox, M., Knapp, L. A., Andrews, P. W., & Fincher, C. L. (2013). Hygiene and the world distribution of Alzheimer's disease: Epidemiological evidence for a relationship between microbial environment and age-adjusted disease burden. Evolution, medicine, and public health, 2013(1), 173–186. https://doi.org/10.1093/emph/eot015
Herr, N., Bode, C., & Duerschmied, D. (2017). The Effects of Serotonin in Immune Cells. Frontiers in cardiovascular medicine, 4, 48. https://doi.org/10.3389/fcvm.2017.00048
Lambert, G. W., Reid, C., Kaye, D. M., Jennings, G. L., & Esler, M. D. (2002). Effect of sunlight and season on serotonin turnover in the brain. Lancet, 360(9348), 1840–1842. https://doi.org/10.1016/s0140-6736(02)11737-5
Mead M. N. (2008). Benefits of sunlight: a bright spot for human health. Environmental health perspectives, 116(4), A160–A167. https://doi.org/10.1289/ehp.116-a160
Oikonomou, G., Altermatt, M., Zhang, R. W., Coughlin, G. M., Montz, C., Gradinaru, V., & Prober, D. A. (2019). The Serotonergic Raphe Promote Sleep in Zebrafish and Mice. Neuron, 103(4), 686–701.e8. https://doi.org/10.1016/j.neuron.2019.05.038
Olszak, T., An, D., Zeissig, S., Vera, M. P., Richter, J., Franke, A., Glickman, J. N., Siebert, R., Baron, R. M., Kasper, D. L., & Blumberg, R. S. (2012). Microbial exposure during early life has persistent effects on natural killer T cell function. Science (New York, N.Y.), 336(6080), 489–493. https://doi.org/10.1126/science.1219328
Kuo M. (2015). How might contact with nature promote human health? Promising mechanisms and a possible central pathway. Frontiers in psychology, 6, 1093. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2015.01093
Ruokolainen, L., Paalanen, L., Karkman, A., Laatikainen, T., von Hertzen, L., Vlasoff, T., Markelova, O., Masyuk, V., Auvinen, P., Paulin, L., Alenius, H., Fyhrquist, N., Hanski, I., Mäkelä, M. J., Zilber, E., Jousilahti, P., Vartiainen, E., & Haahtela, T. (2017). Significant disparities in allergy prevalence and microbiota between the young people in Finnish and Russian Karelia. Clinical and experimental allergy : journal of the British Society for Allergy and Clinical Immunology, 47(5), 665–674. https://doi.org/10.1111/cea.12895
Schertz, K., & Berman, M. G. (2019). Understanding Nature and Its Cognitive Benefits. Current Directions in Psychological Science, 28(5). https://doi.org/10.1177/0963721419854100
Schuijs, M. J., Willart, M. A., Vergote, K., Gras, D., Deswarte, K., Ege, M. J., Madeira, F. B., Beyaert, R., van Loo, G., Bracher, F., von Mutius, E., Chanez, P., Lambrecht, B. N., & Hammad, H. (2015). Farm dust and endotoxin protect against allergy through A20 induction in lung epithelial cells. Science, 349(6252), 1106–1110. https://doi.org/10.1126/science.aac6623
Trumble, B. C., Stieglitz, J., Blackwell, A. D., Allayee, H., Beheim, B., Finch, C. E., Gurven, M., & Kaplan, H. (2017). Apolipoprotein E4 is associated with improved cognitive function in Amazonian forager-horticulturalists with a high parasite burden. FASEB journal : official publication of the Federation of American Societies for Experimental Biology, 31(4), 1508–1515. https://doi.org/10.1096/fj.201601084R
Warburton, D. E., Nicol, C. W., & Bredin, S. S. (2006). Health benefits of physical activity: the evidence. CMAJ : Canadian Medical Association journal = journal de l'Association medicale canadienne, 174(6), 801–809. https://doi.org/10.1503/cmaj.051351
Wong, G. C. L., Ng, T. K. S., Lee, J. L., Lim, P. Y., Chua, S. K. J., Tan, C., Chua, M., Tan, J., Lee, S., Sia, A., Ng, M. K. W., Mahendran, R., Kua, E. H., Ho, R. C. M., & Larbi, A. (2021). Horticultural Therapy Reduces Biomarkers of Immunosenescence and Inflammaging in Community-Dwelling Older Adults: A Feasibility Pilot Randomized Controlled Trial. The journals of gerontology. Series A, Biological sciences and medical sciences, 76(2), 307–317. https://doi.org/10.1093/gerona/glaa271
Young S. N. (2007). How to increase serotonin in the human brain without drugs. Journal of psychiatry & neuroscience : JPN, 32(6), 394–399.
Zhou, D., Zhang, H., Bai, Z., Zhang, A., Bai, F., Luo, X., Hou, Y., Ding, X., Sun, B., Sun, X., Ma, N., Wang, C., Dai, X., & Lu, Z. (2016). Exposure to soil, house dust and decaying plants increases gut microbial diversity and decreases serum immunoglobulin E levels in BALB/c mice. Environmental microbiology, 18(5), 1326–1337. https://doi.org/10.1111/1462-2920.12895